Peut-on être soi-même sans autrui ? En quoi la relation à soi-même est-elle dépendante de la relation à l’autre ? Dans la sphère privée, à l’échelle des liens affectifs et des relations émotionnelles, où à l’amour et à la sollicitude répond la confiance en soi ; dans la sphère sociale, celle du travail et d’activités partagées, où au sentiment d’utilité répond l’estime de soi et de sa propre valeur ; dans la sphère publique et juridique, où à l’existence de droits ayant vocation universelle répond le respect de soi, le rapport du sujet à lui-même est étroitement lié à son rapport aux autres. À rebours, la violence, l’humiliation, l’exclusion peuvent conduire à des identités lésées, à une dévalorisation de soi ou à une désocialisation confinant à la mort sociale. Elles peuvent aussi mener parfois à des mobilisations collectives et à des luttes où s’affirme, face à l’injustice et à la souffrance, un combat pour la dignité et une exigence de justice. L’objet de ce cours sera de comprendre comment le concept de reconnaissance et, a contrario, celui de mépris ou de déni de reconnaissance permettent de rendre compte de ces phénomènes où s’entrecroisent, se nouent et se constituent réciproquement l’individuel et le social, l’éthique et le politique.