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Notre objectif principal sera de situer le rôle du concept de réflexivité dans la constitution scientifique de l’objet sociologique, en insistant particulièrement sur l’œuvre de Pierre Bourdieu. 

En rupture avec les sociologies « objectivistes » de Marx, Durkheim et Weber dont il se fait pourtant également l’héritier ainsi qu’avec « le structuralisme heureux » de ses premiers travaux ethnologiques sur les sociétés kabyles ; en opposition avec la « phénoménologie sociale » des ethnométhodologues et des interactionnistes, la pensée de Bourdieu suit une délicate ligne de crête qui a valeur de syncrétisme méthodologique : il s’agit de réconcilier le sujet et l’objet à l’intérieur des sciences sociales. Les enjeux sont nombreux et nous mèneront à aborder de nombreux domaines dans lesquels l’œuvre de Bourdieu s’est distinguée : socio-linguistique, sociologie de la parenté, théorie de l’action et agentivité du sujet social…

   Nous aurons également l’occasion d’ouvrir le propos pour nous poser la question plus générale de la place de la réflexivité dans les pensées de la modernité : que ce soit chez Anthony Giddens ou chez Ulrich Beck, lesquels voient dans la réflexivité l’expérience-clé d’une modernité détachée de tous les traditionnalismes, ou chez Michel Foucault qui place les procédures de vérité comme l’aveu au cœur de la fabrication du sujet moderne, il semblerait que le retour réflexif sur l’expérience vécue fait l’objet d’un certain nombre d’injonctions qu’il s’agit de détailler pour commencer à trouver des éléments de réponse à cette question : « Qu’est-ce que la modernité ? »