Les écrivains européens héritiers de la Seconde Guerre mondiale Tandis que les acteurs, les victimes et les témoins de la Seconde Guerre mondiale ont rendu compte de leur expérience afin de contribuer à l’attestation d’une vérité historique, les écrivains qui n’y étaient pas peuvent surtout contribuer à maintenir cette mémoire vivante. Aujourd’hui, trois voire quatre générations plus tard, cette mémoire est sur le point de quitter le domaine familial pour n’être plus qu’une mémoire culturelle. Et surtout, les événements récents en Russie montrent ce qui se passe quand les crimes d’état du passé ne sont pas jugés et que la mémoire n’est pas assumée et partagée par une mémoire collective et une conscience démocratique, auxquelles contribue notamment la littérature. A plusieurs décennies de distance, les écrivains non témoins peuvent bénéficier des recherches historiques, contribuer à tirer les leçons d’un tel désastre et traduire une réalité devenue abstraite en parcours individuels. Leur abondante production montre à quel point la Seconde Guerre mondiale reste un événement fondateur de l’identité européenne. Le cours fera le bilan de tout ce que peut accomplir cette littérature d’héritiers, par exemple s’intéresser au bourreau (Schlinck et Littell), à des aspects méconnus (Winkler), montrer les effets de la guerre dans les familles (Flem, Tuszynska), retracer les destins d’anonymes (Modiano, Treichel, Petrowskaya), ou encore adopter un angle original et autoréflexif (Binet).