Andrew Feenberg est un philosophe américain spécialisé dans la philosophie de la technologie, qu’il approche à partir d’un double héritage critique : les marxismes hétérodoxes et l’École de Francfort. Dans Critical Theory of Technology(1991), il écrit son premier grand livre qui tâchera de délimiter un champ théorique innovant à l’intérieur de la philosophie de la technique, s’inscrivant par-delà l’aporie sclérosante entre le déterminisme technologique d’un Ellul ou d’un Heidegger ou la naïveté de la théorie instrumentale de la technique qui prend naissance avec Platon. Au-delà de la question du statut ontologique de la technique, il y a également tous les enjeux sociaux et politiques qui sont rattachés à la question de l’étendue et de sa portée mais là aussi, Feenberg fait preuve d’originalité : délaissant une critique purement négative qui cherche à limiter, à circonscrire, à canaliser les dérives les plus extrêmes de la technicisation (l’automation, la bio-ingéniérie, etc.), Feenberg plaide pour une approche plus positive qui invite la pensée critique à ne pas se contenter de pointer les dangers mais à formuler un vrai projet de société : démocratiser la technique.
C’est un livre ambitieux, qui propose une critique fine de la culture technologique rattachée à la société industrielle du capitalisme tardif et dont la lecture suivie permet de mettre en place un certain nombre de repères conceptuels utiles et de baliser un certain nombre d’auteurs importants dans l’histoire de la philosophie à partir du XIXe siècle.
À réviser pour les premières séances : Pour être à l’aise, il est conseillé de connaître les fondamentaux de la pensée de Marx, que la première section du livre revisite très largement.
BIBLIOGRAPHIE :
- Enseignant: Benjamin Watkins