L’information et la communication, qu’est ce que c’est ?

On peut considérer l’information comme l’objet, et la communication comme le vecteur qui « transporte » l’information : « on communique une information »

Mais ce n’est pas si simple, sinon le cours serait fini.

Exemple de la lampe qu’on allume. Quelle (s) action(s) doi(ven)t se mettre en place pour qu’une ampoule s’allume ? On en oublie souvent car elles sont trop évidentes.

L’évidence empêche souvent l’analyse. L’étude de la communication permet de mieux cerner ces évidences.


Des modèles physiques et mathématiques à l’origine de la théorie des SIC (sciences de l’information et de la communication)

Télécommunications, ordinateurs, satellites... ont donné naissance à l’industrie de la communication.

Ensuite, la philosophie, la psychosociale, la sociologie ont aussi étudié la communication.

Dans le management et dans l’éducation, il y a aussi une dimension communicationnelle.

C’est pourquoi, en 1972, une unité de recherche universitaire a été créée.

Deux axes d’approche : raison, compréhension / séduction, manipulation

échange, écoute/ publicité, relations publiques

Dans quelle sphères on se trouve ?

Contrairement à d’autres pays, en France, l’étude de l’information et de la communication est liée)


La connexion n’implique pas obligatoirement la compréhension

On n’a jamais été autant connectés et pourtant, on ne s’est jamais aussi peu compris.

Pourquoi ? Premiers éléments à évaluer : les codes diffèrent selon les cultures : langue, musique, danse. Ne sont pas partagés, sont mal maîtrisés (contrairement à ce que croyait Charlie Chaplin qui croyait au langage universel avec le cinéma sans parole).

Une chose est sure, la communication apprend à remettre en cause des idées toutes faites (pointer l’ambivalence)


Quel est l’apport des SIC ? C’est quoi communiquer ?

cf : le sociologue et spécialiste des médias, Dominique Wolton


1. Dissociation entre information et communication

Pas des synonymes, on utilise faussement l’un pour l’autre.

Progrès technique = capacité à produire et à diffuser de plus en plus vite les infos

La grande difficulté , c’est la relation à l’autre (cf : Jean-Paul Sartre, l’enfer , c’est les autres), l’autre, c’est la communication. Quand on étudie l’information, on reste du côté du signe (signal, message, etc..)

La multiplication de l’information rend visible encore plus cette dissociation

On a cru que l’information créait la communication, quand les relations étaient réduites. Aujourd’hui, à l’époque d’internet, on voit que ce n’est pas vrai.


2. Transmettre n’est pas communiquer

Enseigner n’est pas forcément communiquer. La communication implique l’échange (confrontation des points de vues, argumentation, rhétorique…)

Beaucoup d’infos, beaucoup de tuyaux (la mondialisation des échanges le démontre) ne créent pas de communication. On a beau vous abreuver d’infos, la perception reste primordiale.

Il existe un couple culture/communication : c’est un des facteurs de paix et de guerre les plus importants. Permet d’organiser la cohabitation culturelle à l’échelle des sociétés Comment établir de la communication en dépit de la diversité des cultures des récepteurs. ?

Plus on essaie de rapprocher les points de vue et plus ça résiste. Les échanges multiples entraînent des incompréhensions multiples.


3. La fin des distances physiques révèle l’étendue des distances culturelles.

Tout ça fait apparaître une différence entre deux grandes philosophies de la communication : technologique et économique d’un coté / humaniste et démocratique de l’autre.

Différence entre ceux qui croient que les hommes, avec l’évolution des techniques et des échanges, finissent par se comprendre et ceux qui en doutent

Le temps et l’expérience = indispensables conditions de la communication.

Prendre le temps de se voir, de se rencontrer, de discuter en vis à vis.

Au cours du XXe siècle, la multiplication de ces échanges physiques a évolué de concert avec les performances des techniques de communication qui devaient justement les réduire.

Nous sommes des êtres sociaux et l’expérience reste le fondement des rapports humains.


4. l’apport des SIC Au delà de leurs compétences spécifiques

Mélange entre idéal démocratique et humaniste de l’échange et les intérêts du marché, entre les techniques et la politique.

Les autres disciplines ont intégré la communication

Les SIC contribuent à penser autrement les réalités sociales, politiques culturelles, philosophiques ou psychologiques.


5. Surgissement des identités culturelles collectives

Le « monde global » oblige à la tolérance et la compréhension de l’autre

La communauté mondiale devrait être respectueuse des différences culturelles et religieuses

comme les échanges ne cessent de croître, or les identités culturelles collectives (ICC) s’affirment de plus en plus (réseaux sociaux, groupe Facebook par exemple où on aime quelque chose contre autre chose où il faut choisir son camp). Ces ICC ont toujours existé mais n’ont jamais autant été visible, revendiqué comme tel au nom de l’idéal démocratique.

La communication peut devenir facteur de conflit.

Le « Village global » de Mc Luhan n’a pas apporté la communication, ni la compréhension mondiale. Dans les années 1960, Marshall Mc Luhan avait imaginé que le monde connecté en permanence ne formerait qu’une seule culture et une seule communauté.

Pendant des siècles, les inégalités sociales et économiques étaient au coeur des conflits, aujourd’hui, c’est la culture (patrimoine, représentation qu’on se fait du monde) qui provoque les conflits. Lutte des classes devient lutte des cultures (ce qui se passe en Iran depuis 1979 est révélateur).

Jamais la question de l’autre , comme horizon de communication, ne s’est posée à cette échelle, ni à cette vitesse. Comme les autres disciplines, ça touche à la question de la guerre et de la paix.





Théorie générale des SIC

au départ, on recherche le rendement dans les transports et la communication : aller plus vite, raccourcir les distances.

Dans le domaine de la télécommunication, quelques dates importantes :

La télégraphie de Chappe en 1794 en France. Depuis la télécommunication a toujours été plus performante.

Les réseaux forment un ensemble : erreur de croire que l’un remplace l’autre. Ils se complètent. La galaxie Gutenberg (écriture) remplacée par la galaxie Marconi (audio-visuel). La radio, la télévision, internet n’ont pas supprimé le livre. Les journaux papiers ont moins de succès, certes, mais parce qu’il y a eu une surexploitation de la presse écrite au début du 20e siècle.


Les temps des ingénieurs

Les théories de la communication ont d’abord été des théories mathématiques pour la télécommunication.

Beaucoup de formules, on va s’intéresser à celle de Shanon avec son schéma linéaire de la com



canal ----------------------------------------canal

source > codeur>émetteur>voie>récepteur>décodeur>destinataire


objectif : diminuer l’entropie (ce qui met le bazar)

ce schéma décrit aussi bien une télécommunication électrique que la parole humaine.

Quand on parle , une partie du cerveau sert de source, une autre sert de codeur, ça déclenche la parole (muscle, énergie acoustique etc.). la voix est transportée (modulée ) dans les airs . Le récepteur, c’est l’oreille externe, le tympan transforme l’énergie... Tout ça est acheminé par le nerf auditif au centre de décodage.

Le principal c’est qu’il y ait une entente, une convention préalable entre codeur et décodeur. On appelle ça le CODE

Le code est une liste de signes avec deux faces : le signifiant (ensemble des signes qui le compose dont le phonème) et le signifié (qui est la représentation associé au signe, l’idée qui vient quand on emploie un mot, exemple : la maison est l’édifice dans lequel on dort).


La communication se rapproche de la sémiologie (système des signes, cf image) ou de la sémantique (étude du sens et de la signification).

On s’intéresse au signifiant dans ce schéma car c’est lui qui permet la transmission. On essaie de le rendre le plus audible possible (exemple : alpha, anatole pour désigner A quand on épelle un mot). L’alphabet morse est un code. Par rentabilité, on a fait correspondre les lettres les plus fréquentes en anglais avec des signes de codes les plus courts pour gagner du temps.

Or, il peut y avoir des parasites (bruits) dans l’envoi du message

Et surtout, un code n’est pas une langue. Une langue est plus complexe. On atteint les limites du modèle mécaniste de Shanon.


Exemple si on se contente du code : le pion du fou. Les robot programmés qui refusent de se battre. (page 75 de « Théorie général de l’information et de la communication » de Robert Escarpit)


Chez Shanon, la source qui émet n’a pas de mémoire

Or une source employant le langage est une source à mémoire. C’est à dire que les occurrences des signes varient au fur et à mesure que l’on parle et dépend du langage

Par exemple la probabilité d’apparition du U dans un récit en anglais est de 0,02 mais passe à 0,9 (presque 1 quand un Q apparaît). « QU »

On peut comparer avec la probabilité d’apparition des cartes à jouer au fur et a mesure qu’on tire les cartes.



Le langage, compliqué à codifier

Signifiant / signifié

Mais on a aussi ce qu’on appelle la connotation.

La dénotation c’est le sens littéral d’un terme

la connotation c’est la relation qu’il peut y avoir notamment entre plusieurs signifiants.

Exemple : bulles dans la BD d’Asterix quand les Goths parlent. Ce qu’ils disent est de la dénotation, l’écriture gothique est de la connotation.


La gestalt (psychologie de la perception)

Un autre phénomène est à prendre en compte : la gestalt (psychologie de la perception)

Ce qui rend plus complexe le modèle de communication basée sur des théories scientifiques.

Quand on voit un arbre, on ne voit pas un ensemble qui permet d’identifier que c’est un arbre, on voit tout de suite un arbre à travers des arrangements et des couleurs qui peuvent d’ailleurs être éloignés d’expériences antérieures (ex : dessins d’enfant)


Expérience du rond : le point en Y se transforme en visage (dépend des références culturelles, contexte historique)

Mais pourquoi a-t-on ces références ?

Parce qu’on se forge des pattern (on se souvient, on compare).

Le pattern signifie une configuration identifiable

En français, on a aussi le terme patron (utilisé en couture) : ce qui peut se reproduire (modèle). Au féminin, vous avez le mot « matrice (mater) ».

Adulte, on a acquis des configuration identifiable.

Pas un enfant : la preuve : les couleurs, les objets qui ont le même nom mais pas la même forme (dessin par exemple)…


Communiquer, c’est compliqué

Tous les schémas ont permis de mécaniser cette communication jusqu’à l’ordinateur.

Si on peut lire un écran, c’est parce qu’il a un système d’encodage (morse, binaire) qui permet de transmettre (télécommunication)


Mais ce qui nous intéresse, c’est la compréhension de cette difficulté à communiquer.

De tout temps, on a cherché à faire de la rhétorique dans l’Antiquité

Fin du XIXe siècle, Freud et la psychanalyse ont fait leur apparition.

La linguistique aussi en 1900 avec Ferdinand de Saussure.

Sociologie des médias dans les années 1930 (communication de masse) (cf Le livre « 1984 » avec la manipulation du langage, le fameux « la guerre, c’est la paix »)


Quelques dates clés

1948 : cybernétique (Shannon et Wiener)


1950 : Ecole de Palo Alto (université de Stanford/ silicon valley)

l'essence de la communication interpersonnelle : Pouvoir transmettre, partager, reformuler, expliquer, s'assurer que l'on a bien entendu et bien compris ou encore se mettre au niveau de son interlocuteur,

Gregory Bateson : sert de thérapie individuelle ou de groupe (schizophrénie, paradoxe , contradictoire, ex : « je mens »).

Palo Alto part du principe que le phénomène de groupe (ou familiale) renforce les problèmes, Si on enlève un élément, on s’en sort.

La cellule familiale peut renforcer les problèmes (cf : Thérapie familiale)

Cette nouvelle communication n'est plus définie comme une simple relation à deux, mais comme un système composé d'interactions circulaires, un orchestre dont chacun fait partie et où tout le monde joue en suivant une partition invisible et répétitive.

Ce qui a donné naissance aux théories du soft skill en entreprise

Ces compétences douces ou soft skills regroupent des qualités personnelles très diverses, dont certaines peuvent être acquises lors d'activités artistiques (créativité) ou sportive (esprit d'équipe, résistance au stress…).

Exemple de compétences recherchées dans le monde du travail : Curiosité, autonomie, Écoute active, Communication orale, Respect, Flexibilité et adaptabilité, Attitude positive, Faire confiance...


années 1960 : Schéma de Jakobson

Retour en arrière : le schéma de Shanon est mécaniste, étudie la probabilité dans la transmission de l’information par des machines (on ne se préoccupe pas du sens ni des sujets)

En revanche, des bruits peuvent entraver la communication donc il faut répéter (redondance)

On peut se dire c’est simple, mais plus on répète des signes, plus ils sont prévisibles, moins ils sont informants


Est arrivée la notion très importante de feed back

Norbert Wiener distingue le feed back positif : amplifie le phénomène, système s’alimente (deux personnes qui crient) et négatif : provoquer une régulation (apaiser une tension, reformuler, questionner)

c’est le moyen de contrôler si le message passe


Le schéma Emetteur – message- récepteur est limité

-interchangeable

-enjeu implicite entre E et R

-Communiquer, ce n’est pas simplement échanger de l’info (défendre une image, influencer, protéger son espace personnel (rhétorique, on essaie de convaincre)


-messages humains sont ambigus (polysémie)

-Le récepteur n’est pas passif : il sélectionne, mais n’est pas forcément entendu par l’autre.


Le schéma de Jakobson (Tchèque) tient compte de ce qui se passe entre le récepteur et l’émetteur

Modèle : six facteurs de la communication réciproque



La rhétorique s’invite à la table de la communication

Art de convaincre, elle concerne la stylistique, l’éloquence (avocat), la négociation, la manipulation…


Trouver les bons arguments,

Rigueur, efficacité

Il existe plusieurs types d’arguments et différentes façon de les amener (hommes politiques, styles différents)

Le bon sens est l’exemple souvent employé (pas forcément efficace) (cf : bon sens sur les retraites : on vieillit de plus en plus…). Le bon sens dépend de la foi que lui accordent les autres.

Comprendre l’existence d’un désaccord. Pourquoi on n’est pas d’accord ?

Argument doit toucher l’autre, sinon ça ne marche pas.

Contre-argumenter : connaître les 3 types d’objections

ad rem : attaquer directement les arguments d’en face (Ex : demande d’augmentation en entreprise car bons résultats..)

ad hominem : attaquer la cohérence de la ligne argumentative déployée en face (empreinte carbone et usage de l’avion)

ad personam : mettre en cause le crédibilité de l’orateur (Technologies qui permettent de capter le carbone dans l’atmosphèr)


Notions de psycho-sociologie (référence Jacques-Philippe Leyens et Vincent Yzerbyt)

Le changement d'attitude, Les normes sociales, Conformité et obéissance, Résistance et innovation, Interactions sociales, Attraction et altruisme, Agression interpersonnelle, Relations et conflits intergroupes sont des sujets de recherche en psycho-sociologie.

Expérience de Stanley Milgram

Elle vise à estimer à quel point un individu peut se plier aux ordres d'une autorité qu'il accepte, mais qui entre en contradiction avec sa conscience. Pourquoi le régime nazi a-t-il pu envoyé des gens à Auschwitz ?

2/3 qui envoie la charge mortelle dans une expérience sur l’obéissance à l’autorité. Très critiqué par la suite sur les conséquences psychologiques sur les cobayes. Expérience reprise il y a une dizaine d’années avec un jeu télé.

Pourquoi on a plus de chance de se faire aider quand une ou deux personnes ?

Tout groupe qui se forme crée automatiquement une norme de fonctionnement. Si dans un groupe, personne n’intervient, les individus vont se persuadés que la norme est de ne pas intervenir.