Dans le cadre de ce séminaire nous voudrions mettre en lumière la façon dont certaines expressions culturelles de l’Amérique latine telles que la gastronomie, la musique ou l’artisanat touristique résultent, d’une part, d’une combinaison hybride inédite entre modernité et tradition, et d’autre part, de l’interaction de cultures autochtones avec l’Occident. Ces « traditions », pour partie « inventées », permettent aux habitants des sociétés latino-américaines de s’exprimer et de (re)construire leurs identités nationales et culturelles. Néanmoins, elles offrent également aux Occidentaux la possibilité de consommer de biens culturels qui symbolisent l’altérité et l’exotisme et de puissants effets de distinction sociale (sophistication, progressisme, tolérance, diversité culturelle). Sa commercialisation peut être considérée une forme d’extraction de richesse ou une sorte d’« appropriation culturelle ». Enfin, il sera question aussi de comprendre le contexte multiculturel et la configuration néolibérale qui ont favorisé l’émergence de ces expressions culturelles et leur circulation transnationale. Mobilisées par les politiques pour lutter contre la pauvreté et pour stimuler le développement rural, elles sont aussi instrumentalisées pour promouvoir le tourisme, et in fine elles participent à la marchandisation de la culture et à la redéfinition des identités latino-américaines.