Le roman historique, une question de genre ?

Le roman historique se popularise au XIXe siècle à l’époque où Manzoni le définit comme un « composé mixte d’histoire et de fiction », qui puise dans des archives inédites pour rendre compte de l’existence de ceux qui échappent à l’histoire politique traditionnelle : personnages populaires, marginalisés ou accusés à tort. Au XXe siècle, avec le développement du postmodernisme, le genre évolue pour tenir compte des difficultés à écrire le passé qui a été occulté, oublié ou perdu, tandis que la deuxième vague féministe repense la place des femmes dans la société. Comment, alors, l’inclusion de personnages féminin marginaux ou transgressifs incite-t-elle les auteurs de romans historiques contemporains à repenser explicitement les règles du genre pour redonner à ces femmes une juste place dans l’historiographie comme dans le récit romanesque ? On s’intéressera à trois figures : la protagoniste ostracisée de Sarah et le lieutenant français (1969) de J. Fowles ; Francisca, qui s’habille en homme après la mort de son mari dans C’était en l’an 1698 (1994) de M. Attanasio ; et Nadia Comaneci, dont La Petite Communiste qui ne souriait jamais (2014) retrace le parcours.

Éditions de référence :

John Fowles, Sarah et le lieutenant français, trad. Guy Durand, Paris, Points, 2008.

Maria Attanasio, C’était en l’an 1698 qu’advint dans la ville le fait mémorable, trad. Eugenia Fano, Paris, Ypsilon, 2022.

Lola Lafon, La Petite Communiste qui ne souriait jamais, Paris, Actes Sud, « Babel », 2015.