Ce cours a pour objet de présenter et d’initier à l’examen critique de grands auteurs et autrices philosophiques de la période contemporaine, notamment française : Michel Foucault, Louis Althusser, Jacques Rancière, Judith Butler… Il présentera des aspects problématiques majeurs de la « rupture » introduire par la philosophie critique française dans les années 1960, à partir de la question de la destitution du « sujet » métaphysique classique et de la critique du pouvoir politique.   

Le « sujet » désigne à la fois une catégorie de soumission à l’État (le sujet soumis au souverain), et un centre de responsabilité et d’agentivité (le sujet de l’action). La philosophie politique s’est particulièrement intéressée aux conditions de constitution d’un « sujet politique » collectif, capable de déterminer la loi auquel il obéit (le peuple souverain) ou de transformer ses conditions d’existence (la classe prolétaire comme acteur révolutionnaire). Mais la définition du sujet politique doit-elle se restreindre à un groupe social homogène, capable de représenter ses intérêts dans la sphère publique et de désigner des porte-parole ?  Une telle définition n’a-t-elle pas historiquement exclu des catégories « marginales » de la population, à l’instar des femmes, des subalternes, des étrangers, dépossédées des ressources de la représentation politique ? Comment les individus se constituent-ils en sujets politiques ?

A partir des théories poststructuralistes et féministes, critiques de la conception du « sujet » comme centre constituant transparent à lui-même, le cours s’attachera à parcourir l’histoire de la philosophie politique française depuis les années 1970 et les reconfigurations contemporaines de la notion de « sujet politique ». Nous nous focaliserons sur trois moments clés : la critique du sujet souverain et la question de l’assujettissement posées par Michel Foucault, le concept de subjectivation politique chez Jacques Rancière et enfin, la question de l’existence d’un sujet politique « femmes » dans les théories féministes, notamment avec Judith Butler.  Les séances de travaux dirigés permettront d’approfondir les textes évoqués durant le cours magistral.