Descartes est généralement présenté comme le dualiste par excellence, celui qui a posé la séparation de l’âme et du corps comme deux substances distinctes. Cependant, l’être humain est bien l’union des deux, et une union totale. Du point de vue de la connaissance, celui qui est adopté dans les premières Méditations métaphysiques, il est nécessaire de distinguer les substances (l’âme d’un côté, le corps de l’autre), mais pour pouvoir répondre aux questions de la Princesse Elisabeth, qui sont des questions liées à la conduite de la vie, Descartes doit pouvoir répondre de l’union que représente l’être humain. Car l’être humain n’est pas un esprit dans un corps, mais un composé complet. Et cette union se manifeste notamment par nos passions qui « incitent et disposent notre] âme à vouloir les choses auxquelles elles préparent [notre] corps » (art. 40 du Traité des passions). Par elles, nous savons que nous ne sommes pas seulement logés dans notre corps « ainsi qu’un pilote dans son navire », mais que nous sommes « très étroitement et tellement confondu[s­] et mêlé[s] » à lui que nous composons comme « un seul tout avec lui » (Méditations métaphysiques, méditation IV). L’objectif de ce cours est de saisir la façon dont Descartes tente de résoudre le problème de l’union de l’âme et du corps à travers la compréhension des passions, développant par-là non seulement son ontologie (sa compréhension de l’être), mais aussi une véritable morale capable de nous éclairer sur la conduite de notre vie.