Nous nous intéresserons à quatre pièces traitant de la damnation : La tragédie du docteur Faust de Christopher Marlowe (1589), contemporain et
ami de Shakespeare,
Le magicien prodigieux de Calderón de la Barca (1637), Le trompeur de Séville et l’invité de pierre de Tirso de Molina (1630) et
Dom Juan ou le festin de pierre
de Molière (1665), pièce qui s’inspire fortement de la précédente.
Dans deux pièces (
Faust, Le magicien prodigieux), le protagoniste conclut un pacte avec le diable, en dépit de tout ce qui devrait le détourner de ce projet ; dans les deux autres, le protagoniste persiste dans un comportement que tous condamnent, négligeant tous les avertissements, et finit emporté par une apparition effrayante. Ce sont des pièces qui permettent de réfléchir aux valeurs (morales, sociales...) de leur époque ; mais ce qui nous intéressera avant tout sera la représentation du surnaturel en scène. Prouesse technique mêlant les « machines » à la puissance évocatrice du verbe, l’apparition surnaturelle permet d’exhiber l’art dramatique le plus consommé. Dès lors, elle entraîne une réflexion sur le théâtre en tant qu’art de l’illusion. Une parenté s’instaure entre cet art, diabolique aux yeux de nombreux contemporains, et les « tromperies » de personnages réprouvés toute la question étant de savoir si les quatre dramaturges s’associent à cette condamnation de l’illusion, ou s’ils cherchent à infléchir le regard porté sur le théâtre.

Corpus et éditions recommandées

  • Pedro Calderón de la Barca, Le magicien prodigieux, traduit de l’espagnol par Jean-Jacques Préau, in Le peintre de son déshonneur. Le magicien prodigieux, Paris, Éditions Théâtrales, 1990.
  • Christopher Marlowe, The Tragedy of Doctor Faustus, édition bilingue, éditée et traduite de l’anglais par François Laroque et Jean-PierreVillquin, Paris, GF Flammarion, 1997.
  • Molière, Dom Juan, éd. Georges Couton, Paris, Gallimard [coll. « Folio »], 2013.
  • Tirso de Molina, Le trompeur de Séville ou l’invité de pierre, édition bilingue, éditée et traduit de l’espagnol par Henri Laros, Paris, Gallimard [coll. « Folio bilingue »], 2012.

Les étudiants hispanophones ou anglophones (Erasmus et autres) sont vivement encouragés à lire ces pièces en langue originale.
Lectures complémentaires
: Ben Jonson, L’Alchimiste, tr. Marcel Moussy, Paris, L’Arche, 1958 ; le Faustbuch de 1587, édité et traduit de l’allemand par Joël Lefebvre en 1970. Ces deux ouvrages étant épuisés, des polycopiés pourront être fournis aux étudiants.