Présentation du séminaire :

Postmodernité, postmodernisme, altermodernité, hypermodernité, archéologie de la modernité, etc. Il faut le dire d’emblée, ce séminaire n’aura pas pour objet de faire l’inventaire de toutes les prétentions liées, de près ou de loin, à une réaffirmation, une réinvention ou à un dépassement du projet moderne. Il s’agira plutôt - à partir de quelques événements, textes et œuvres choisis - de discuter et d’interroger les différents bouleversements qui ont déstabilisé, à tort ou à raison, l’assurance que les sociétés occidentales avaient vis-à-vis de certaines de leurs valeurs (l’histoire, la raison, le progrès, l’universalité, l’avant-garde, etc.), au point que des penseurs (sociologues, anthropologues, philosophes, historiens, architectes, artistes) aient pu évoquer jusqu’à un changement de paradigme.

Sans être l’ouvrage à l’origine du débat, La Condition postmoderne, écrit en 1979 par le philosophe Jean-François Lyotard, figure un véritable marqueur culturel. Cependant, rarement un texte n’a généré autant d’interprétations divergentes et de controverses. Dans tous les domaines artistiques, des mouvements ou des courants de pensée ont, à différents degrés, initié une réflexion sur la modernité, avec parfois, pour certains d’entre eux, un opportunisme suspect. Entre simples effets de mode, prises en compte réelles de certains excès de la modernité, désirs de refondation du projet moderne ou encore postures cyniques ou nostalgiques ; il sera très instructif de décrypter et d’interroger ces grandes tendances idéologiques et esthétiques dont la diversité est symptomatique des incertitudes d’une époque.

Il s’agira en conséquence d’outiller la réflexion de l’étudiant afin, notamment, de le prémunir contre deux écueils. Tout d’abord, on aurait particulièrement tort de brandir ces différentes terminologies avec légèreté, à la manière de slogans ou comme s’ils relevaient de définitions évidentes et partagées. D’ailleurs, selon les disciplines artistiques envisagées, la teneur, la pertinence et le succès critique rencontré par ces propositions figurent d’incommensurables différences. Contre un second écueil, il s’agira de s’affranchir du postulat intellectuel qui tend à rejeter d’emblée tout rapport critique à la modernité en agitant - à la manière d’un épouvantail - le risque d’un conservatisme. Prudence et mesure seront donc les attitudes à cultiver pour aborder sereinement et de manière critique cet effervescent débat en lien direct avec les nombreux défis auxquels notre temps est confronté.