L’histoire des rapports entre l’homme et l’environnement s’est renouvelée ces dernières décennies du fait de l’augmentation des pollutions, du changement climatique et de la disparition massive des espèces. Les scientifiques sont aujourd’hui d’accord sur le fait que l’humanité est devenue l’une des principales forces de transformation de l’environnement au point qu’on parle d’Anthropocène pour qualifier la période géologique contemporaine. Mais ils ne s’accordent pas sur le moment où a débuté cet Anthropocène : pour certains dès la Préhistoire, pour d’autres lors de la Révolution industrielle.

Nous verrons dans ce cours que le Moyen Âge, en Europe, est marqué par des transformations majeures des rapports entre l’homme et la nature. La population européenne augmente considérablement grâce à une croissance de la production agricole, croissance qui modifie profondément les paysages et la nature puisqu’elle donne lieu à des défrichements très importants. Les Européens disposent alors de sources d’énergie plus nombreuses que pendant l’Antiquité : les animaux accompagnent beaucoup plus souvent les hommes dans leur travail et les moulins à eau et à vent se multiplient. À cette croissance de la population s’ajoute aussi une croissance de la production de biens manufacturés et de bâtiments, comme les cathédrales et les châteaux, qui nécessitent une exploitation plus importante des ressources naturelles. Cette intensification de l’exploitation de la nature a conduit certains historiens à considérer que c’est bien lors du Moyen Âge que sont inventés de nouveaux rapports pratiques et idéologiques de l’homme à la nature ouvrant la voie à la Révolution industrielle.

Par ailleurs, la fin de l’Empire romain tout comme la fin du Moyen Âge sont marqués par de grandes épidémies, en particulier par les pestes, liées au développement de l’urbanisation, des échanges et aux changements climatiques. L’Europe de l’Ouest connaît au XIVe siècle une grave crise, alimentaire, énergétique, à laquelle s’ajoute l’épidémie de peste noire, entraînant un effondrement de la population.