Vous commenterez en 1 page maximum ce passage du livre de John Blacking (Le sens musical, Minuit, 1980 [1973], p. 124) en prenant des exemples issus de votre propre expérience de musicien ainsi que d’autres traditions musicales abordées en cours (la tradition espagnole du cante jondo et de l’art du duende) :

 

« À quoi bon enseigner à un pianiste à faire des gammes et des arpèges, conformément à une quelconque méthode raisonnée, et ensuite attendre qu’il « sente » la musique pour piano de Mozart, Beethoven, Chopin, Debussy et Ravel, en faisant un effort de volonté distinct ou en se servant d’on ne sait quel mystérieux attribut spirituel ? Exercer les muscles des doigts est une chose mais la façon de sentir le plus profondément les gammes et es arpèges de la musique d’un compositeur est peut-être de les jouer selon son système à lui. Ainsi, si l’on découvre en le sentant comment Debussy pouvait tenir les mains et le corps quand il jouait du piano, on parviendra à mieux sentir sa musique. On pourrait alors s’apercevoir qu’on peut jouer de la musique avec sentiment sans avoir besoin d’être suprêmement « profond ».

En fait, c’est alors qu’on serait profond, parce qu’on aurait part à l’essentiel dans la musique : ce qui se trouve dans le corps humain, et que tous les hommes ont en commun. Cela ne peut paraître mystérieux que dans la mesure où nous ne comprenons pas ce qui se passe dans le corps remarquable que possèdent tous les humains […] ce qui permet le mieux d’entrer en résonance avec quelqu’un, c’est de sentir avec son corps […] Si, comme j’en ai émis l’idée, la musique commence par une agitation du corps, on peut recréer l’état dans lequel elle a été conçue en entrant dans le mouvement corporel de la musique et en la sentant ainsi presque comme le compositeur l’a sentie […] les notes de musique sont (alors) considérées comme le produit de processus cognitifs physiques et sociaux »