Présentation de l'enseignement :

En lien avec "l'histoire des arts" et dans le cadre d'éventuels futurs partenariats professionnels, le présent cours entend offrir à l'étudiant en MEEF (Education Musicale, Chant Choral), une vue synthétique de l'art moderne dans le domaine des arts plastiques.

En 1868, Charles Baudelaire énonce dans une formule devenue incontournable : « La modernité c’est le transitoire, le fugitif, le contingent, la moitié de l’art, dont l’autre moitié est l’éternel et l’immuable… 1» En partant de l’étude d’œuvres précises et de textes théoriques majeurs, nous verrons comment les conceptions académiques et traditionnelles de l’œuvre d’art ont été l’objet de remises en question renouvelées durant toute la modernité, débouchant sur une multiplicité de pratiques.

Ainsi, en analysant les nombreux mouvements qui scandent la seconde moitié du XIXème siècle et la première moitié du XXème siècle (réalisme, symbolisme, impressionnisme, fauvisme, cubisme, futurisme, dada, etc.) nous tenterons d’interroger le renouveau des sujets, des techniques, des constituants plastiques ainsi que de la figure de l’artiste dans la société moderne. Excédant la question artistique, la modernité renvoie plus largement à l’émergence d’un nouveau mode de vie et de société qui découle directement de la révolution industrielle. Il conviendra de saisir les caractéristiques de cette mutation sociétale, de se représenter le contexte scientifique et technique, philosophique et politique, ferment indispensable pour instruire un dialogue éclairé avec les arts plastiques.

Nous prendrons également soin de distinguer la modernité du modernisme. Ce dernier terme, issu du débat anglo-saxon, est rendu d’usage très délicat « en grande partie à cause de l’ossification de la position de Clement Greenberg, qui confisqua le mot pendant les années cinquante 2». Pourtant, comme le suffixe l’indique, le modernisme peut permettre de distinguer une forme radicale de modernité au sein de la modernité elle-même.

Issue du vocabulaire militaire, la notion d’avant-garde aura notre préférence. « L’homme d’avant-garde, pouvait écrire en 1958 Eugène Ionesco, est comme un ennemi à l’intérieur même de la cité qu’il s’acharne à disloquer, contre laquelle il s’insurge, car, tout comme un régime, une forme d’expression établie est aussi une forme d’oppression. L’homme d’avant-garde est l’opposant vis-à-vis du système existant.» Nous tenterons de comprendre ce qui fait la rhétorique et la démarche si particulière des avant-gardes.


1. Charles Baudelaire, Écrits esthétiques (1863), Paris, Editions Christian Bourgeois, 1986, p. 372-373

2. Rosalind Krauss, L'Originalité de l'avant-garde et autres mythes modernistes, Paris, Editions Macula, 1993, p.13

3. Eugène Ionesco, Notes et contre-notes (1958)Paris, Editions Folio, 2003, p. 96